Fugaces pensées
Question de principe
Les yeux verts
Perdus dans l'océan de l'infini
Il rêve qu'il n'est pas là
Là, c'est la prison.
Il, c'est cet homme, assis sur ce qui servait de banc, dans sa cellule.
Il, c'est l'homme des yeux verts.
Il, c'est cet homme accusé de meurtre parental.
Il, c'est cet homme qui rêve ne pas être là.
Le tout, c'est un homme, assis dans une cellule, qui a des yeux verts, accusé d'avoir tué ses parents et qui rêve ne pas être là; dans cette prison, avec ses yeux verts, accusé de meurtres qu'il n'a pas commis, rêvant de ne pas être là, à rêver de ne pas être là.
Bientôt, dans quelques minutes, il va être tué. Pendu.
Car on ne croit pas un homme aux yeux verts qui nie le meurtre de ses parents.
On ne croit pas un homme dont le frère est mort, lui aussi, pendu.
Pourquoi, leur demanderez-vous ? Question de principe, vous répondra-t-on.
Car on n'a aucune preuve contre cet homme, assis dans la cellule que son frère venait d'occuper.
Pourtant, quelqu'un avait essayé de le défendre contre cette horrible justice du principe.
Quelqu'un de trop petit pour cela.
Sa sœur, du haut de ses cinq ans, savait, elle, ce qu'il s'était passé.
Mais on ne la croit pas. Jamais on ne la croira.
Question de principe.
Et l'homme, du haut de ses dix ans, est condamné à mourir.
Pour un meurtre qu'il n'a pas commis.
Question de principe.
Et bientôt, quelques minutes encore, il sera mort.
Déjà, il entend les pas du geôlier.
Bientôt, il sera pendu.