Fugaces pensées
Lettre à un ami
Mon cher ami, la lettre que j'ai reçue de ta part m'a fait mal. Aussi mal qu'on peut avoir en recevant le faire-part du décès d'un proche.
Oh, je dois sûrement avoir beaucoup moins mal que toi. Tu m'as dit être de plus en plus irritable, jusqu'à en être méchant avec ta famille. Tes envies de révolte, de changer le monde se comprennent. Je te comprends.
L'adolescence n'est pas une période facile pour celui qui la vit. Surtout pour toi.
A la vue de tes paroles, je regrette de ne pas être auprès de toi pour te consoler. Ma colère bouillonne envers tous ceux qui, chaque jour, te font du mal.
Tu m'as dit vouloir tout lâcher; qu'abandonner la vie pour traverser les couloirs de la mort serait plus simple que vivre dans la pensée de résister chaque jour. Mais il le faut, résister.
Pense à tes amis, les vrais, pense à ta sœur qui, bien qu'elle ne le montre pas, t'aime plus que tout. Pense au soleil qui se lève tous les matins dans l'espoir de te voir sourire. Pense aux étoiles, à la lune, qui protègent tant bien que mal ton sommeil. Et enfin, pense à moi. Moi, qui, depuis tant d'années, t'ai donné mon amitié. Résiste. Résiste. Encore et encore. Résiste pour toujours.
Notre différence d'âge ne change en rien la complicité, presque enfantine, qui s'est installée entre nous. Toutes les injures, tous les mots que tes soi-disant camarades de classe ont pu te cracher en pleine face ne changeront jamais la couleur de ta peau. Et, au contraire, ne te lamente pas sur cette dernière ! Sois en fier. Dans tes veines coule le sang des valeureux guerriers noirs d'Afrique qui combattirent avec honneur, fierté et courage. Un sang de lion.
Montre-leur que tu peux le gagner, ce concours à Paris. Et n'oublie pas ; je te soutiens de tout mon cœur.
Intense amitié. Fierté d'un ami.
Résiste pour moi.
Naliwe