Laisser couler le temps
Six. Six jours. Six journées.
Six jours dont les longues heures se sont égrenées entre désarroi et incompréhension.
Six journées, déjà, et aucun signe de vie de ta part.
Ces six jours pendant lesquels tu as disparue.
M'aurais-tu oublié ? Serais-tu... non, le mot est trop pénible. Mais il faut le dire. Serais-tu... serais-tu morte ?
Oui, morte, mort, mourir. Mots sombres dans lesquels tu sembles te cacher.
Mais qu'ai-je donc fait ?
Qu'ai-je donc fait pour... mériter ? Non, le mot est trop faible. Qu'ai-je donc fait pour subir ça ?!
T'aurais-je blessée pour que tu ne veuilles plus ainsi me revenir ?
Six jours !
Je commence à paniquer. Que vais-je faire si tu ne reviens pas ?
Donne-moi au moins le bonheur de lire quelques mots qui viendraient de toi !
Je t'ai cherchée partout. Rien.
Au début je ne m'en faisais pas. Je pensais que tu était juste partie l'histoire d'un texte. Puis j'ai commencé à m'inquiéter. Que faisais-tu ? Je ne savais pas. C'est alors que j'ai pensé que tu t'étais cachée.
J'ai d'abord fouillé mon esprit de fond en comble pour trouver ta cachette.
Puis j'ai fourré toutes tes musiques préférées dans le lecteur CD. Là, j'y ai trouvé quelques-unes de tes effluves. Mais toi tout entière, rien à faire.
Ensuite je me suis souvenu d'endroits que tu aimais. Je suis allé en ville, te cherchant parmi les passants. Rien.
La mer m'est venue à l'idée. J'y suis allé. Je t'ai cherchée dans la courbe de ses vagues ou dans le sel de sa brise. Rien. J'ai regardé à la liberté des nuages ou à la chaleur du soleil. Rien.
La nuit tombante, je suis rentré. Tu n'était toujours pas revenue. C'est alors que je me suis penché vers les astres. Rien
Les jours suivants, j'ai fouillé au plus profond du grondement de l'orage ou dans le monde de sa pluie. Rien. Le levant au couchant de la boule en flammes n'y ont rien fait.
Tu t'étais absentée mais ne revenais pas.
J'ai même cherché dans la forêt. La chute des feuilles. La vie de ses fleurs. Rien.
Il a fallu se rendre à l'évidence. La belle de mes nuits ne se cachait pas. Elle était tout simplement partie. Autre part.
Lire d'autres écrivains ? Sans doute. Même très probable. Faut-il pour cela qu'elle me quitte ?
Je ne savais pas.
Ce n'est que plus tard que j'ai compris.
Tu m'avais déjà tout donné de ce que tu pouvais m'offrir. En même pas une année, tu m'avais permis d'écrire tant de choses.
Maintenant, c'était au temps de m'accompagner.
C'était à la patience de me caresser.
Et alors, tu pourrais revenir. Mais pas avant.
C'était aussi à moi de grandir. De vivre. De simplement vivre. De découvrir d'autres cieux.
Ce que j'ai également compris, c'est que tu était toujours là. Qu'une petite veilleuse de tes airs était ici ; tout au fond. Et qu'en écoutant bien, je pouvais l'entendre.
Mais qu'il fallait laisser au temps le temps de couler.
Et alors seulement, tu reviendrais pleinement.