Mélancolie
Moi, j'étais là.
Là, moi... Deux mots différents et pourtant tous les deux trop petits en l'instant qui s'y présentait.
Devant la cheminée. J'étais là. Face à la cheminée et ce feu qui brûlait. Ou plutôt ce bois. Car on ne brûle pas un feu. Enfin, tout dépend duquel on veut faire disparaître.
Moi j'étais venu brûler les flammes de mes pensées. De mes questions. Et de tout ce qui pouvait les y accompagner, dans la cheminée.
Moi, puis toi. Toi, j'avais oublié la raison de ta venue. Moi j'étais perdu dans le fil des jours passés. Je me baladais dans le cours incertain des saisons qui défilaient. Et toi...
Je me rappel aujourd'hui que tu étais venu m'annoncer la promenade au couchant de ton fils ; due à un accident. Accident maladif ou routier ? Je ne me souviens pas.
Le fait est que quelqu'un avait dérobé son cœur. Tu m'avais décrit ton désespoir et ta même envie d'envoyer promener la vie et ses desseins.
Mais je ne t'écoutais pas. Dans mon esprit s'alignaient les couleurs de mes folies. Tout à coup, - je m'en rappelle – le silence s'était installé. Je l'avais à peine remarqué quand tu as recommencé à parler.
Mais plus de la tristesse qui t'étreignait et qui te déchirait la vie à coup de larmes.
Ta voix avait coulé comme un jet d'eau clair et frais dans ma tête.
Tu m'as simplement demandé de t'expliquer ce qui n'allait pas.
Je t'ai raconté ce qui n'allait plus. Je t'ai raconté mes rêves, mes questions et leurs réponses inconnues ; je t'ai raconté mes pleurs et mes espoirs perdus.
Tu m'as écouté sans partir dans ton malheur.
Pendant plusieurs heures durant, j'ai parlé, éteignant l'incendie qui s'était propagé dans mon âme. Qui avait ravagé mon cœur.
Pendant plusieurs heures durant, tu n'as rien dit. Mais tu as attendu. Et écouté.
Je crois que sans toi je ne m'en serais jamais sorti. J'aurais brûlé tout entier.
Dès que j'eus fini, je me suis assis dans un des fauteuils qui trainaient dans le salon, devant la cheminée. Et j'ai pleuré. Pleuré tout ce que je venais de dire. Pleuré le sel de la tristesse mais aussi pleuré la joie de te revoir après tant d'années.
Puis je me suis endormi.
Tu avais du partir peu après car au petit matin je n'ai retrouvé qu'un mot de toi me disant ta même joie de m'avoir entendu parler.
Quand je t'ai appelé, tu n'as pas répondu. Je suis allé dans l'appartement que tu avais loué.
Devant l'immeuble j'ai trouvé la lumière des pompiers. Et ta femme, aussi. Quand elle m'a vu, elle s'était jeté dans mes bras. C'est peu après que j'ai pu comprendre. Ta douleur. Si intense.
Au petit matin j'avais trouvé qu'un mot de toi. Me disant ta même joie.
Ce mot sur lequel sont tombées toute les larmes de mon corps. Après avoir compris ton au revoir.
Et ton adieu.