Monsieur le Préfet
C'était un Monsieur le Préfet ;
Dans son costume, bien potelé.
N'ayant dans la tête que ses affaires,
Bien studieux, ne lisait que du Voltaire.
C'était un Monsieur le Préfet bien empréssé ;
Et quand on ne regardait qu'à ses heures,
Monsieur le Préfet dans ses airs arriérés,
L'on en disait qu'il n'avait plus de coeur.
C'était un Monsieur le Préfet
Ami de notre société.
Un Monsieur le Préfet plein de richesses,
Derrière ses verres ronds pleins de graisse.
On y voyait que ce que l'on y voyait ;
Un Monsieur le Préfet hautement habillé.
Mais de grâce, Monsieur n'était qu'un homme
Comme les autres : plein d'ématomes !
Comme les autres, qui galérait
Derrière son ventre grassouillait.
Qui n'avait, le croyait-on,
Que les mimiques d'un bouffon.
Mais c'était un Monsieur le Préfet,
Derrière son allure, plein de pleurs.
Gras, car morte celle qu'il aimait.
Comme les autres, plein de douleurs.