Le simplet (écrit le 1 Juillet à 19h15)
Le Conteur arrive sur scène et s'assoie.
Il regarde le public en qui il a foi.
Chaque soir il vient là pour conter. Chaque soir.
Jamais il n'oublie. Jamais. Pour l'histoire.
Il sait qu'en lui ils portent leurs espoirs, alors
Il vient toujours. Quand il arrive, il soupir.
Un soupir de bonheur. Car ses mots sont de l'or,
Pour tous ses malades qui ne peuvent écrire.
Aujourd'hui c'est l'histoire d'un petit garçon
Qui grandissait sans vraiment voir passer le temps.
Il grandissait sans vraiment poser des questions;
Il grandissait sans vraiment grandir, simplement.
Il aimait courir et entendre l'océan.
Mais un jour qu'il eût trop couru, il, s'effondrant,
Un peu simplet, ne compris pas et en tomba.
Un marin vit la mer qui lui tendait les bras.
Il se dépêcha d'y aller avec sa barque
Et il vit le simple d'esprit, en vain, combattre.
Puis soudain, l'enfant cessa de s'agiter.
L'océan, il l'aimait. Il se laissa couler.
Quand le marin apporta son corps aux parents,
Ce ne fut plus que larmes et coups de douleur.
Car, même s'il était simple, c'était leur enfant.
Et la vie sans lui s'annonçait sans les couleurs.
Ce qu'on ne sut pas c'est que le pauvre garçon
Vivait dans l'attente d'une autre compassion.
Car les gens dans son village ne l'aimait guère
Et ils l'avaient laissé tout seul dans sa misère.
C'est ainsi que le Conteur fini de conter.
Laissant derrière lui une histoire, un simplet.